Changer de religion. Emancipation ou trahison ?

De plus en plus d’hommes et femmes en occident font le choix de changer de religion. les motivations sont diverses mais quoi qu’il en soit cette démarche est lourde, quasi irréversible et doit être prise en parfaite connaissance de cause. Si nous naissons avec un patrimoine génétique difficilement modifiable mis à part grâce à l’aide de la chirurgie esthétique et autres artifices plus ou moins heureux, nous naissons aussi avec un patrimoine culturel dont toute modification a toujours été un tabou. C’est vrai en occident, cela l’est encore plus parmi les peuples dit « primitifs ». On naît Intouchable en Inde, on le reste toute sa vie présente qui se compose d’efforts et de labeur pour se racheter et espérer une vie plus clémente dans la vie suivante. En Afrique, on naît Hutu au Rwanda, on ne devient pas tuttsi….Dans les peuples occidentaux, notre latitude reste beaucoup plus importante mais cela reste compliqué. Il y a des « conversions » plus ou moins acceptées dans l’opinion publique. Une femme née catholique qui va embrasser la religion musulmane sera vue comme une femme qui aura été manipulée et à qui on aura lavé le cerveau. Une femme juive tournant le dos de sa communauté pour se convertir au catholicisme sera considérée comme une traître au sens où elle condamne ses enfants à ne pas naître juif alors qu’ils étaient destinés à le devenir. Il y a une conversion qui vit une certaine clémence de la part de l’opinion publique et qui est d’ailleurs plutôt bien vue, c’est le passage vers le Boudhisme…Cela tombe bien car c’est justement ce passage là qui me concerne personnellement.

Si je suis attiré par le Bouddhisme depuis très longtemps, je n’ai pas encore franchi le pas de la conversion car de conversion il s’agit. Certains parlent de Bouddhisme non pas comme d’une religion mais d’une philosophie. N’étant ni théologien, ni philosophe, je n’entrerai pas dans ce débat mais ma conviction est que le bouddhisme reste précisément une religion. Je ne m’imagine pas réciter mon « Je vous salue Marie » pour enchainer vers des mantras bouddhistes. Le peuple Chrétien auquel j’appartiens toujours n’est pas très à l’aise avec l’idée de vie antérieure et postérieure, de réincarnation en animal ou autres…Cette idée commune aide à déculpabiliser ceux qui se tournent vers le bouddhisme, elle ne me semble pas très honnête. Fin de la parenthèse.

Mon foyer est habité, inspiré par Bouddha et cela depuis longtemps. J’ai mon hotel bouddhiste que j’entretiens et que je respecte, je fréquente de moins en moins l’église, je lis de nombreux ouvrages bouddhistes. C’est un constat mais je ne parviens pas pour l’instant à faire la démarche officielle de rejoindre le bouddhisme. Je suis née Catholique, j’ai communié avec ma famille lors de baptêmes, mariages, Noêl et autres fêtes plus ou moins heureuses. Je n’ai aucune honte à dire à ma famille que j’ai basculé vers le bouddhisme, la question n’est pas là mais j’ai conscience qu’en rejoignant officiellement la communauté Bouddhiste, je m’éloignerais de mes racines, de mes origines. Ce cheminement progressif est certainement irréversible mais je ne l’accomplirais qu’en parfaite connaissance de cause. Je me laisse habiter peu à peu par Bouddha, séduire par ses paroles de bonté et de générosité, cela prendra du temps.

L’idée d’être maître de son destin est une idée séduisante mais dont il faut avoir conscience pour ne pas se laisser aspirer sur un coup de tête dans des directions dont on ne maîtrise pas forcément bien les conséquences. Changer sa foi par amour pour sa femme ou son mari me paraît plus dangereux car l’amour peut aveugler la sincérité profonde de la conversion mais je me trompe peut être. Devoir passer son temps à justifier cette conversion auprès de vos proches a certainement un coté désagréable car cela revient à dire que tu n’es pas ou plus en phase avec leur monde, celui même dont tu viens pourtant aussi.

J’espère que d’autres Ydyliens pourront apporter leur témoignage sur ce sujet compliqué.

Merci à vous.